Quand ça déborde...

[Admin]

Ecrire, je sais le faire mais dire, c’est plus difficile. D’ailleurs, si je passe mon temps à écrire, c’est aussi parce que je n’aime pas parler. Et les non-dits s’accumulent à l’intérieur, les mots dans ma tête deviennent des maux au cœur, des larmes aux yeux, des bleus à l’âme. Le besoin d’affection et d’attention ne s’exprime plus de la bonne manière et on finit par éloigner les autres bien malgré nous. On ne voit plus les mains tendues, on ne voit que des gens « qui ne comprennent pas parce qu’ils ne sont pas à notre place ».

Abandonnée physiquement par ma mère biologique à la naissance, abandonnée émotionnellement par ma mère adoptive ensuite, cette blessure est profonde et inguérissable. J’ai appris à l’identifier, j’ai appris à plus ou moins gérer les comportements (auto)destructeurs qu’elle engendre mais cela restera un travail quasi quotidien. Le seul aspect de ma vie qui en est directement affecté, c’est l’amour. Forcément. Quand on n’a pas été aimé, on ne sait pas aimer, non plus. Et pourtant, je porte en moi tant de générosité de cœur, tant de douceur, de patience, de compréhension, tant de bonnes choses à donner qui ne trouvent aucun moyen de s’exprimer à cause de cette blessure. J’ai l’impression qu’elle est une sorte de gouffre que tous mes bons petits soldats doivent traverser pour me permettre d’aimer.

J’ai vécu 40 ans derrière un mur de protection épais et solide. Je m’en suis rendu compte seulement le jour où j’ai rencontré un homme et comme par hasard (ou pas, pile au moment de la séparation d’avec le père de ma fille). C’était une rencontre prévue comme un déjeuner amical mais la vie est imprévisible. Un regard, un « Bonjour » et mon mur s’est écroulé d’un coup. C’était un sentiment presque physique. C’était il y a deux ans et cette rencontre a littéralement bouleversé mon existence. Il y a clairement un avant et un après.

On apprend de chaque situation, de chaque rencontre – c’est un peu le but de la vie puisque le hasard n’existe pas. Et depuis ma séparation, j’ai enfin appris à m’ouvrir aux autres. Les deux dernières années de mon couple, je les ai vécus dans une bulle de solitude énorme. Je n’avais quasiment plus d’amis, je pensais qu’ils m’avaient tous oubliée. Mais non. Ils étaient là, ils m’ont portée, ils m’ont soutenue, ils ont tout supporté de ma part et ils sont encore là. Ces amitiés se sont approfondies et épanouies et ça me touche à un tel point que ça m’émeut parfois aux larmes. C’est au-delà de précieux.

Mais l’amour, c’est difficile. Ce sera le sujet de mon prochain pavé :)

Je fais ce que je peux. Merci de m’avoir lue, vos réactions sont les bienvenues.